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les pétales se détachaient un à un, lentement, et tombaient comme des caillots de sang.

Les hommes, hagards, suivaient des yeux chacun des mouvements de l’apparition.

Était-ce Marthe vivante ou seulement son ombre familière ? Comment auraient-ils pu croire à la réalité de l’image perçue, puisque cette image avait été sensible pour eux au-delà des limites du regard ?

Et cependant, elle était là, souriante, splendide dans le rayonnement de ses cheveux blonds, appuyée au mur de cèdre…

On entendit une voix qui était peut-être celle de l’Indien, peut-être celle de Pierre. Les hommes écoutèrent en hochant la tête. Dans l’ombre, aucun d’eux ne pouvait savoir qui parlait.

C’était sans doute la voix qui était en eux-mêmes et qui résonnait dans leur cœur.

Tous les yeux étaient fixés sur la rose mourante qui semblait onduler sur la gorge haletante de Marthe.

Mais d’où venait la voix ? Personne n’aurait pu le dire.

Les paroles que tous entendaient, bien qu’aucune vibration n’agitât l’air, les paroles intérieures bourdonnaient à leurs oreilles, comme un balbutiement entendu dans un rêve.

Puis, la rose rouge étant toute effeuillée, les