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XLIII



PIERRE…

Marthe, adossée au lit, les mains tremblantes, très pâle, le visage moite de surprise, de joie et de peur, s’élance.

Comme un coup de fouet qui cingle à la hauteur des seins, qui frappe les cuisses à les broyer, un éblouissement l’abat sur le sol.

De ses bras défaillants, elle écarte le visage penché sur elle, dont le contact est une brûlure. — Je ne t’attendais pas… je ne suis qu’une femme.

Pierre la berce et la caresse. Des larmes emplissent ses yeux.

La Solitude, vivante et nerveuse comme une maison seule dans la plaine un soir d’orage, vibre harmonieusement, et nous parle.

Ce sont des voix chaudes et tendres qui viennent de la forêt voisine.

— Demain…, dit l’Indien, demain, la route s’ouvrira sur le fleuve au soleil ; demain, vous partirez… le feu qui brûle en vous éclairera la route.