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XLI



QUELQUES jours encore… Bientôt les lumières du placer apparaîtront sur la colline. Déjà, le visage de la brousse nous reconnaît et nous sourit… Déjà, les tournants familiers de la rivière, les roches où si souvent nous avons halé les canots, les haies de lianes fleuries, épaisses comme des murailles de lierre, et le peuple bienveillant des singes, des caïmans et des tortues nous saluent au passage.

C’est l’heure tendre. Les colibris zèbrent de traits verts et rouges la brume du soir.

La brume, qui garde encore la lumière du jour, a des reflets d’opale.

A une brasse de la pirogue, émerge une futaille grise et verdâtre. Nous avons cru, d’abord, voir la carapace d’une tortue géante. C’est un boa qui gît, partie dans la rivière, partie sur la pente inclinée de la berge. Gêné par l’énorme dilatation qui gonfle le milieu de son corps, il ne peut ni plonger pour se soustraire à notre approche, ni nager avec assez de rapidité, ni ramper à terre pour fuir nos coups.

Deux éclairs de winchester : la tête éclate ; les hommes dépouillent le monstre dont la peau éta-