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II



JE raconte à ma manière les choses qui se sont passées au placer Elysée, sur la crique Lézard. Vous me comprendrez, bien que je ne puisse pas dire tout ce que j’ai vu, car il y a encore des hommes vivants parmi ceux dont l’histoire emplit ce livre, et parce que la femme qui est là, pleurant dans cette première nuit sur la mine, pleurant de crainte et d’abandon, pendant que la jungle endormie rêve à haute voix auprès d’elle, parce que la femme qui est là, dans ce pauvre livre, est la plus belle image, le plus beau souvenir, la lumière qui éclaire encore et guide toute ma vie.

— Que faire ? dit Delorme. La crique est sèche… qui peut savoir quand reprendront les pluies ? Et cette femme qui tombe du ciel… Elle n’est utile à rien. Le diable m’emporte si j’ai jamais vu une femme blanche sur un placer…

Les hommes, absorbés par les soins de la nourriture, écoutent distraitement et approuvent en hochant la tête.

Les paupières rougies par l’insomnie, très pâle, la jeune femme, s’adressant à l’ingénieur, debout