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dans la réalité du temps et de, l’espace tangibles, un être tout-puissant dont les yeux sont ouverts sur la vie intérieure et qui possède la force qui refoule les fleuves, qui déplace les collines et qui permet de voir les esprits ?

— Je croyais, dis-je, avoir trouvé ici, dans la vie végétative, l’oubli qui était le seul bien auquel j’aspirais. Mon âme apaisée n’avait plus d’autre désir que de vivre parmi des hommes simples et des plantes immobiles… je sais maintenant que la paix qui m’environnait n’était qu’un mensonge bienfaisant.

Et tandis que Pierre Deschamps prépare le convoi qui nous ramènera au placer Elysée, je vais, pour la dernière fois, demander au vieillard aveugle un peu de lumière et de force.

Serrant sur mes genoux ses mains ridées et froides, j’écoute sans l’entendre sa prière monotone.

Une voix qui vient d’un monde inconnu murmure à mes oreilles :

— Lève-toi… pars… l’heure est venue. Ne demande pas d’où descend la flamme qui brûle en toi… tu n’étais qu’un mercenaire. Qui t’a affranchi ? Qu’importe… est-ce le désir ?… L’image de Marthe court dans tes veines comme un feu