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Pierre Deschamps, les yeux fous, fixait l’ombre, et s’efforçait en vain de parler.

L’homme du placer secoua les voiles qui l’entouraient, comme un montagnard secoue, en rentrant chez lui, la neige qui couvre ses vêtements. Il apparut tel que je l’avais vu à Elysée, dans ses vêtements anciens. Il se taisait et paraissait humble, comme un mendiant dont l’arrivée inopinée, la nuit, a surpris une ferme.

Puis il parla. Les mots s’échappaient de ses lèvres et glissaient entre les minces lames des bardeaux ; ils se dispersaient dans la jungle et sur le fleuve. C’étaient des mots qui n’avaient pas de sens pour nous et qui s’adressaient aux forces mystérieuses de la Forêt et de la Nuit.

Il allait et venait ; il disparaissait dans les angles obscurs de la case ; il se tenait timidement dans la pénombre. Cependant, il rayonnait une puissance magique ; ses regards me heurtaient avec violence ; il dégageait la même force que l’Indien.

Dans ses attitudes, et surtout par les irradiations qui venaient de lui, il semblait être un dédoublement de l’Indien. Peut-être n’était-ce qu’une hallucination…

Et pourtant, Pierre Deschamps le voyait aussi bien que moi-même et subissait en gémissant le poids de ses yeux.

Et moi, pour répondre à la voix qui parlait en