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XXVI



MARCEL Marcellin m’attendait, le soir, assis sur une roche, au bord de l’eau.

Il tressaillit à mon approche. Il avait les traits tirés et l’attitude d’un homme épuisé par une journée de travail et de marche.

— Je t’avais dit de venir armé… Nous ne pouvons plus vivre ensemble.

Je m’assis auprès de lui. A voix basse, il m’accabla d’injures.

Tout à coup, exalté par la colère et le mal qui grondait en lui, il se tourna vers la colline, et le poing tendu, il cria :

— L’ensorceleuse…

Je restai silencieux. Son délire augmentait. Il grinçait des dents et blasphémait affreusement.

J’aurais pu, d’un geste de l’épaule, le faire basculer dans la crique, j’aurais pu le prendre à la gorge. Il était, dans son égarement, sans défense et entièrement à ma merci.

Et cependant, je tremblais devant lui. La peur m’enlevait toute raison.

Chacune des injures de Marcellin me frappait au visage. J’attendais avec angoisse le geste qu’il