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sons qui passent sur nos têtes comme une eau froufroutante.

Tout n’est, autour de nous, que vie mouvante, glissant lentement vers les plaines lointaines, comme l’eau voisine, les serpents et les oiseaux.

Pour que le vent léger, qui rampe à ras du sol, donne un rêve tranquille aux yeux clos qui palpitent, de mes doigts écartés, j’ouvre les cheveux blonds. Je ne sais si j’ai donné ou si j’ai reçu la caresse qui brûle mes mains et qui me tient penché, frémissant, sur la blessure rouge des lèvres entrouvertes.

Elle dort, très pâle…

C’est pour elle que les lianes ont mis dans l’air tiède des orchidées géantes, qui se balancent et qui flamboient comme des lustres dans une cathédrale.

C’est pour elle que les santals et les bois de rose exhalent leur âme en extase ; c’est pour elle que les panaches des palmiers et les bambous froissés par le vent chantent à l’unisson une berceuse monotone et langoureuse.

C’est pour elle que le soleil incendie la terre et brûle ma chair.

Le monde n’est plus… rien n’existe.

La volupté profonde qui me vient au contact du beau corps endormi a dissipé le monde extérieur.

Je sais maintenant que rien n’existe des pauvres images créées par moi. Mes yeux ont en vain rêvé