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XXIII



NOUS étions simplement en voyage… Une odeur de bois coupé et de feuillage mouillé donne un goût aigre à l’air frais.

Rien n’explique notre départ du camp. C’est en vain que, dans le silence torride, j’en cherche la raison. Nous avons abandonné le placer. Nous voici sur une route inconnue.

Un secret instinct nous a conduits ici et nous pousse déjà à partir je ne sais où.

Sans nous être consultés, nous avons fait les préparatifs du départ. Une obscure folie erratique nous emporte.

Nous avons vu les hommes déserter peu à peu les chantiers autour du camp. La drague abandonnée est un monstre sans vie.

Une puissance mystérieuse nous entraîne, à laquelle nous sommes aveuglément soumis, et qui ne nous a pas encore révélé ses desseins.

— Marthe…

— Comme il fait bon vivre… où irons-nous ce soir ?

— Pourquoi ne dormez-vous pas ?

— Je voudrais partir… Il fait bon ici… je sens délicieusement battre mes veines… Où irons-nous, tout à l’heure ?