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Marthe regardait la colline où des lumières très hautes brillaient au loin.

Un élan souleva sa robe blanche. Elle fit un pas, revint, et s’abattit comme un oiseau blessé.

— Je ne peux pas, dit-elle. Elle pleurait.

Semblable à un défilé de navires en haute mer, des nuages monstrueux, sortis de l’horizon, toutes voiles dehors, flottaient dans le ciel opaque.

De larges ombres passèrent sur le toit de la forêt et sur le lac.

— Garde-moi, disait Marthe, garde-moi… je ne peux pas… je voudrais être une petite fille inconnue et oubliée dans un village… j’ai peur… défends-moi.

De toute la force de mes bras, je la tenais enlacée, la serrant et la berçant, les joues mouillées par ses larmes.

— Marthe…

— Ne parle pas, dit-elle dans un murmure… Sauve-moi.

Sur ma poitrine presque nue, l’effort élastique et chaud des seins pressés sous mon étreinte… et l’haleine… et les larmes… et la voix douloureuse et convulsée de cette femme qui s’abandonnait…

Les lèvres de Marthe avaient un goût sucré.

Il y avait sur le lac des lumières de farfadets…