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XX



ALORS, comme si elle répondait à un appel secret de l’Indien, une femme nue sortit du champ de bananiers qui descendait au lac.

Elle regarda avec précaution autour d’elle et, ne pouvant discerner le regard des plantes qui l’environnaient, elle s’avança sans crainte au bord de l’eau.

Elle était admirablement svelte et admirablement blanche. Elle rejeta ses cheveux en arrière et, la tête dressée vers le ciel, les bras arrondis sur la nuque, elle était comme en extase. La lumière transparente du soir l’enveloppait de mousseline.

Quand elle sortit de l’eau, les yeux attentifs des arbres virent frissonner la blancheur délicate de ses bras et de sa poitrine.

C’était une sirène venant respirer hors de l’eau la lumière des hommes. L’air, autour d’elle, était une poussière dorée.

Comme je m’élançais à travers le feuillage, l’Indien me prit doucement le bras.

Je voulus appeler :

— Marthe…

Une joie profonde, le contentement du désir satisfait me secouait des pieds à la tête.