AITRE, vous m'avez demandé un mémoire pour des juges.
Mais la vie qui va s’éteignant en moi, semblable à la lumière horizontale du couchant, n’éclaire plus que les hauteurs du passé.
Je cherche en vain les mots de colère et de haine… Il est trop tard. Et que dirais-je aux juges ?
J’ai construit, sous les tropiques, une maison dont les fenêtres donnent à la fois sur l’Orénoque et sur l’Amazone. Des lotus blancs planent sur les étangs en terrasses ; l’ombre des palmiers géants descend sur les îles, et les vents alizés font claquer sur les toits l’oriflamme de mon pays qui pendant trois siècles a dominé cette terre ardente.
Mais les pirates ont donné l’assaut.
Déjà les colonnes de l’édifice menacent de s’écrouler, la moisson desséchée des cannes à sucre brûle dans la plaine… Ils ont chassé les ouvriers des chantiers… Ils ont pillé jusqu’au secret trésor