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sions est couvert de sueur. Une odeur de cadavre vient du corps souillé.

Les yeux se ferment, la tête, dodelinant, se retourne dans un vomissement soudain, et le corps détendu, inerte, gît.

Ce corps est trop lourd pour que je le porte seul sur le lit… Peut-être trouverai-je le steward nègre…

Comme je me retourne, je la vois qui est là, à deux pas, les bras tendus, haletante, toute blanche.

— Qu’est-ce, dit-elle ?… Il s’est tué… Pourquoi m’emmenez-vous ? Il est mort… Il s’est tué ? répète-t-elle… Je veux le voir… »

N’est-ce pas, je ne peux pas lui laisser voir… Je ne peux pas lui dire…

Elle s’arrache à mon étreinte, et je lutte :

— Par pitié pour lui, par pitié pour vous, n’allez pas encore…

Elle tremble. Elle a des hoquets dans la voix… Son visage est plus pâle encore… Elle défaille…

Quel fardeau léger… La voici étendue sur sa couchette… Je mouille son front d’eau de Cologne. Elle ouvre les yeux et se dresse effarée.

Mais Elle se rappelle aussitôt et retombe sur le lit, la tête perdue dans l’oreiller… Des sanglots, et je revois son beau visage qui a repris la vie.

— Il est mort, dites-moi s’il est mort.