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XXIX


Comme un soc de charrue lumineux, un requin sillonne la mer phosphorescente… des gerbes de feu jaillissent sur son passage.

Une nuit chaude, du vent humide…

— Quelle solitude et quel ennui !…

— …

— L’ennui est la grande douleur de l’âme… Mais, qu’est ce que l’âme ?…

— Que sais-je !… Les choses ont une âme délicate et profonde auprès de quoi notre sensibilité est sans vie… Le Bateau parle et s’agite… la tristesse de cette nuit le pénètre… La Mer et le Bateau ont une âme semblable… Mais, que sommes-nous, que sont les balbutiements de notre cœur au contact de la vie éperdue de la Mer ? »

Des rayons de lune ouvrent les nuages et s’abattent comme des feux de projecteurs sur le pont désert.

L’or de ses cheveux et le manteau qui l’enveloppe se fondent dans la lumière lunaire. Un visage d’enfant, des yeux très longs, des narines