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XXIII


La plainte du violon s’étend sur l’eau tranquille. La Mer et le Bateau écoutent l’amoureuse musique. Les yeux clos, les mains jointes sur la poitrine, Elle écoute, heureuse.

La nuit a couvert l’horizon d’écharpes grises de lune, qui tremblent.

— Le plus beau des violons, dit la Mer, c’est toi, Navire. Les cordes qui vibrent d’un bout à l’autre de ta coque emplissent l’eau d’une musique monotone et grave, que je garde longtemps après ton passage. Dans les nuits chaudes, quand le Vent dort, j’entends ta voix qui chante. Jusqu’à l’horizon, mon cœur est plein d’une harmonie qui vient de toi, et dont la musique des hommes n’a point d’image, et qui s’accompagne du murmure et de la lumière des phosphorescences…

Mais moi, penché sur la Mer, pendant que le sillage du Navire s’allume de lueurs étranges, j’entends les voix intérieures de l’eau qui chantent…

Le Bateau qui s’avance dans une traînée de