Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/75

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que mon cœur se trouble au parfum qui vient d’Elle. Je suis si près que je vois, sous sa peau, courir le sang. Ses yeux ont pris les clartés bleues et grises et vertes, les clartés d’opales moirées qui viennent de la Mer.

Elle parle au Bateau et j’entends la voix qui répond.

Pour mieux suivre la voix mystérieuse, Elle a mis sa tête dans ses mains. Les yeux dilatés, elle écoute, attentive et fervente comme une femme en prières.

Elle écoute… Le vent fait frissonner les cheveux de sa nuque. La lumière du ciel s’éteint… Des rideaux écarlates voilent l’horizon où le soleil s’est effondré.

Elle n’est plus qu’une ombre dans le crépuscule.

La voix du Bateau est lente et monotone…

Elle sourit à quelque rêve intérieur… des fossettes s’effacent et reviennent sur ses joues et donnent à son visage l’expression qu’ont les visages heureux des enfants au sommeil.

Cependant, voici les chants de la nuit qui sont des sanglots et des phrases ardentes de violons et des cloches sonnant à l’horizon… et des balancements d’harmonie qui montent des vagues entr’ouvertes.