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XX


Qui pourrait comprendre ce que dit le vieux Navire ?

Il gémit et radote. On ne sait s’il avance ou s’il est endormi dans l’eau laiteuse du soir, plus molle que du duvet.

La Mer le berce et chante pour lui de lentes mélopées qui nous enveloppent de tristesse et d’ennui. Et je crois qu’il lui parle…

Elle est là, accoudée au bastingage, le corps perdu dans l’ombre du pont. Sa tête dorée seule apparaît dans la lumière.

Elle est là, penchée vers l’eau bruissante. Le soleil étend et dégrade sur sa nuque l’or de ses cheveux.

Je ne vois d’Elle que la nuque, puis la tache rouge d’une oreille encadrée d’ocre pâle, puis un profil qui se dessine dans la lumière,

Le bercement onduleux du Bateau balance son profil sur l’écran d’un ciel rouge et mordoré, violet et rose : le ciel des soirs des Tropiques.

Que lui importe ma présence ?…

Je suis maintenant si près de ses cheveux