Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/65

Cette page a été validée par deux contributeurs.

a dans son âme une image cachée qui, à certaines heures, l’émeut à pleurer. J’aime d’amour, d’une passion filiale et poignante, un village où je suis né, en Périgord. De vieux murs couverts de lilas au printemps l’encerclent. On y pénètre par des portes de château-fort. Les gens, sur le pas des portes, sont de vieilles gens, immortelles. Et, dans les champs où tous les arbres me connaissent, des hommes, des femmes et des enfants, que le temps n’atteint pas, travaillent et chantent et sont les miens… »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Elle est là, debout, très pâle, les mains crispées, les paupières si basses que son regard m’échappe.

Je ne sais plus ce que j’ai dit. Je crois que j’ai parlé d’amour et d’une enfant arrêtée à mi-côte sur un chemin bordé de roses, à Nice, le chemin de la Mantega, et…

Mais elle pleure.

Et moi, stupide :

— Tout homme garde dans l’abîme de son cœur une flamme qui dirige sa vie… un espoir ou un souvenir… à quoi toute notre vie intérieure, et en définitive toutes nos actions, se ramènent…

Accoudée au bastingage, elle tient dans ses mains menues, sa tête fleurie de boucles