Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/63

Cette page a été validée par deux contributeurs.


XVI


— Quelle chose stupide et brutale vous êtes…

Elle prend la théière et jette à la mer les feuilles sèches de thé que j’y avais mises.

— Il faut d’abord ébouillanter la théière… Maintenant donnez-moi le manchon pour couvrir notre thé.

Le liquide brûlant fume dans les tasses. Nous buvons lentement la divine liqueur.

— Pour se griser de thé, il faut avoir goûté à l’autre drogue…

— …

— Du thé de Russie, très pur et très fort, dosé et préparé par des mains adroites, cela vaut la vraie drogue…

Il fait très chaud, le soleil nous tient couchés sur le pont, haletants et heureux. La Mer est vaste et paisible comme une prairie, et le Bateau ronronne, endormi en boule, pesant et lent.

À plat ventre sur les nattes, presque nus, nous buvons du thé brûlant.

— Quand j’étais enfant, j’allais seule dans