vent et pénètre le flanc intérieur du Bateau.
Mais, aujourd’hui, la Mer silencieuse est descendue sous la plaine, elle dort. Et pour entendre battre son cœur, il faut mettre les mains dans l’eau bleue.
Ainsi vue à fleur d’eau, la Mer est une chose familière, vivante et gaie. Elle caresse les mains qui l’approchent, elle est tiède, et les frissons de sa peau sont comme du velours glissant sous les doigts écartés.
Elle est là assise au bord de l’eau, les jambes nues. La Mer et le Bateau jouent à mouiller ses pieds blanchis d’écume. Le Bateau, pour lui plaire, se penche : l’eau monte aux genoux. Puis, roulant à bâbord, le Bateau tient en suspens, dans le soleil, les jambes roses, étincelantes de gouttes. Et, comme le Bateau reste ainsi longtemps penché, la Mer, d’un paquet d’écume inattendu, couvre les pieds et les cuisses et les jupes.
Des ventres blancs de poissons volants passent à portée de la main. Il fait calme et frais. L’odeur de la mer nous grise un peu. Dans le clapotis de l’eau sur les flancs du navire on entend des rires.
Pour la soutenir, je la tiens à la taille. La résistance de l’eau sous l’élan du bateau