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Les jours s’en vont, monotones. L’ennui, mal affreux, engourdit les choses.

Une poussière de tristesse couvre les meubles du salon et je suis de nouveau seul dans la salle à manger.

Des journaux de l’an passé dorment sur les banquettes grises du fumoir et s’éparpillent affolés parce que j’ai ouvert une porte…

Une porte décorée d’un écriteau « Bar », donne sur un réduit où des étagères percées de trous à bouteilles, semblent avoir des yeux que l’obscurité a rendus aveugles. Une chaleur humide monte de la mer tropicale. Et le soir surchauffé vient, nous laissant exténués, avec aux lèvres je ne sais quelle saveur sucrée.

La mer accablée par le vent torride du sud, s’étend sans une ride, lac gris, lac d’asphalte brûlant. L’horizon est là à portée de la main ; la ligne noire qui coupe le ciel bleu tendre est si proche que nous allons sans doute l’atteindre. L’étroite plaine ronde !… Les champs de blés sont plus vastes…