Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ils se sont assis sur un mur écroulé ; Elle lui a mis les fleurs sur la tête. Elle riait, riait… Il lui a pris les mains. Et ainsi paré, les yeux cachés par les feuilles odorantes, il lui a mis les bras en croix, de sorte que leurs visages se sont rapprochés et que leurs lèvres…

Ah ! comme le soleil était lourd sous les orangers ! Une vapeur flottait dans les branches, montée du sol ardent et qui se couvrait d’or dans les éclaircies du soleil et qui était gonflée d’angoissants parfums, comme une fumée d’encens.

Puis leurs bras lassés se sont fermés. Ils se sont enlacés à pleine poitrine. Il la serrait et la berçait contre lui…

Et Elle le repoussait, l’embrassait encore et revenait dans ses bras et balançait sa tête sur son épaule…

Ayant mordu à pleine bouche dans un morceau de canne à sucre qu’elle tenait entre ses dents, la femme à la cruche se leva et reprit la rude montée.

Comme elle passait près de moi, ses yeux suivirent mon regard. Elle s’arrêta, et, radieuse et offensée, ayant mis dans ses doigts la canne mâchée, elle m’adressa, montrant les amoureux, des paroles que je ne compris pas.