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tendait. Nous les avons vu monter en traîneau… Ils étaient là, le premier officier, le second et le chef mécanicien… tous anxieux et riant en dessous. Ils sont partis sur le traîneau tiré par des bœufs dans ces rues glissantes de Funchal, aux pavés de savon.

Des femmes accroupies sous des lambeaux d’étoffes éclatantes, et qui mendient… des enfants aux beaux yeux en amandes, presque nus, la peau cuivrée, qui offrent des filles… les étalages bruyants des dentellières et des marchands de fruits… les bruits de la ville-escale avec des marins ivres, des passagers du Sud-Amérique, importants, insolents…

L’étrange ville, où, sous un ciel d’été éternel, les rues descendent en cascades, fuyant sous les pieds comme les glissades de glace que font les écoliers l’hiver… Et les traîneaux, qui, ayant laissé les bœufs au sommet des rues, glissent à une allure folle parmi d’assourdissantes clameurs.

J’ai fui tout ce bruit pittoresque, et me voici au bout du funiculaire, près du ciel, dans le plus beau jardin tropical qui soit au monde… En bas, la rade ressemble au port du pays de Lilliput.

Par-dessus les murs qui bordent le chemin, les cannes à sucre frémissent au vent comme les jeunes maïs de mon pays. Sur le sol noir