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Elle est seule. Je la vois de dos ; elle est appuyée au bastingage. Je crois qu’Elle parle à la Mer, à moins que ce ne soit au Bateau, peut-être à tous les deux.

La Mer s’avance vers elle à petits pas saccadés, dans une adorable dentelle d’écume.

Non, je ne lui parlerai pas encore… Elle est jolie, avec une mantille noire sur des cheveux blonds et ce manteau de laine claire…

Pourquoi le Bateau était-il en fête avant, puisqu’il se tait maintenant ? Pas un bruit, pas un souffle, pas une âme.

Où sont les officiers du bord qui dansaient comme des écoliers et le capitaine alcoolique et bourru ?

Elle est seule et tout est recueilli, haletant et triste, autour d’Elle. Le soleil met une ligne dorée sur son profil.

Elle est petite, souple, et je sais que ses yeux sont verts.