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au monde ne sait autant de routes et autant d’histoires.

Et comme il sait raconter le passé !… Le soir, quand les lampes sont en veilleuse, il se recueille. On l’entend faire à la Mer un récit touffu et triste qui n’en finit pas.

Pour lui, rien n’est beau que le temps de ses premières années, quand il était le nouveau steamer des Antilles et que son pont était rempli à chaque voyage par l’élite des marchands et des colons de Trinidad, la Jamaïque, Curaçao…

Il y avait alors de la musique à bord… un orchestre, cinq exécutants qui jouaient au dîner du soir, qui faisaient danser la nuit, et qui, le jour, lavaient la vaisselle.

Les cabines étaient pleines — quatre personnes pour quatre couchettes — à chaque voyage. Le voyage se faisait parmi les rires, les jeux et l’amour ; et le Bateau aimait ses passagers ; il les reconnaissait au retour, et il mêlait ses larmes aux adieux des parents…

Comme on l’aimait ! Les noirs de Surinam saluaient son arrivée par un coup de canon.

Un jour, un nouveau steamer a pris la même route, et puis un autre, plus moderne encore…

Les jeunes gens sont allés aux jeunes bateaux.