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VI


Le bateau flotte comme un bouchon. Sa masse énorme est presque entièrement sortie de l’eau. La ligne rouge de flottaison émerge de plus d’un pied, et la superstructure est si haute que le bateau a l’air vide.

Il a été construit pour naviguer en rivière, à fond plat, sur les fleuves géants de l’Amérique. Il est gros et rond, il n’a pas d’élégance, il est bien hollandais. Et il est si vieux que les autres bateaux s’écartent de sa route, par respect, pour le laisser passer.

Il y a dans les ports d’anciens bateaux qui lui ressemblent et qui sont abandonnés. La vieillesse, l’huile et le goudron les enveloppent d’une odeur poignante de pourriture.

Le Van Dyck a l’aspect d’un vieux très propre qu’on lave à grande eau et qui est changé de linge tous les jours. Il est peint à neuf, et son âge ne se reconnaît que par sa forme démodée et par le souffle asthmatique de ses machines.

Et pourtant, il est si vieux, qu’aucun bateau