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gourdit toutes choses, et je dors, au soleil, sur le pont, tandis que la Mer, immobile, dort sous un manteau changeant de lumière.

Le souffle de la Mer qui s’éveille a ranimé le Bateau. La nuit va venir, un frisson court sur l’eau qui se ride. Comme la sieste a été longue !…

Les lampes s’allument, la rampe du grand escalier s’agite et il y a, de nouveau, des chuchotements aux portes des cabines entr’ouvertes.

Le silence du couloir feutré est troublé de bruissements joyeux ; l’armoire de ma cabine s’ouvre tout à coup, sans raison, avec fracas, fêtant mon retour.

Je suis encore seul dans la salle à manger. Et ce nègre qui ne sait rien, qui ne répond pas…

— Le dîner est servi, voilà…

Il fait nuit, le silence est revenu, la lourde immobilité de l’ennui m’accable. Je cours sur le pont. Je ne peux rester ainsi… J’appelle et me parle à moi-même…

Maintenant, la mer est une masse noire et calme sous le ciel que la lune éclaire d’un bleu délicat et pauvre.

Le bateau roule très doucement, comme un berceau qui s’endort… Pas un bruit, pas une