Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/181

Cette page a été validée par deux contributeurs.

forêt est le souvenir… L’instinct de toutes les bêtes, l’instinct des plantes n’est que l’accumulation des souvenirs de la vie présente et des vies antérieures.

— Le premier amour laisse dans l’âme de la femme des images qui réapparaissent toute la vie, chaque fois que l’amour renaît en elle…

La pluie frappe le toit de wara de notre case de coups précipités, réguliers et monotones. Une buée que le soleil irise emplit la maison et voile les objets familiers qui nous environnent.

Dans l’ombre grise, qui a pénétré jusqu’au fond de mon cœur, flottent des images du passé. Ce sont des souvenirs du village que j’aime, la maison maternelle et de pauvres gens assis au bord du chemin. La nostalgie engourdit ma pensée. Un besoin douloureux de revenir vers ce coin de terre où je suis né et où sont accumulées toutes les traditions, tout le passé, toutes les pensées de ma race… Au bas du chemin, dans la vallée peuplée de saules, coule le ruisseau qui seul lave les souillures du présent, qui seul donne le merveilleux oubli.