les pagaies pour prendre les tacaris, longues perches de bois souple, robustes et flexibles comme des bois d’arbalète. La pirogue avance sous les cascades du rapide. D’un seul effort, la pirogue s’élance, se dresse et franchit le barrage.
Au-dessus du rapide, le fleuve s’élargit comme un lac. Les forçats secouent l’eau qui dégoutte des tacaris. Ils les couchent le long de la pirogue et le bruit monotone des pagaies recommence.
Plus loin, à l’approche d’un nouveau rapide, les hommes se jettent à l’eau et tirent la pirogue à la cordelle. S’accrochant aux rochers, s’aidant des pieds et des mains, ils tirent la corde enroulée aux épaules.
La pointe d’une pirogue descendant le courant apparaît, sur la ligne du rapide. Elle pique sur la cascade, disparaît dans le remous d’écume de la cuvette et fuit comme une flèche.
— Les Indiens !… crie le vieux garde-chiourme.
On n’aperçoit plus, au tournant du fleuve, que des silhouettes encapuchonnées.
Mais une autre pirogue apparaît à son tour, tombe avec un bruit sec dans le remous et file à toute allure.
À intervalles réguliers, de nouvelles pirogues