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LXIII


Les forçats pagayent le plus près possible de la rive pour éviter la force du courant. Ils pagayent à la façon des Indiens, sans arrondir les coudes, avec une forte poussée des épaules après chaque coup de pagaie.

Le vieux garde-chiourme, assis à l’arrière, les jambes écartées, le torse cambré, gouverne la barque.

Des senteurs tièdes viennent de la forêt. Chaque coup de pagaie résonne dans l’air calme.

De temps en temps, le vieux garde-chiourme abandonne le gouvernail ; il écoute, nerveux, les narines palpitantes, comme un être sauvage qui flaire le danger.

Le battement des pagaies a donné l’alarme aux Indiens. Il faut les gagner de vitesse, il faut aussi se méfier de leurs ruses.

Soudain, au tournant du fleuve, un sourd et long mugissement annonce les rapides voisins.

L’eau devient basse et les hommes ont laissé