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LXII


— Il faut donner la chasse à ces Indiens, a dit le vieux garde-chiourme.

Nous traversons un champ de cannes à sucre où des forçats nus grattent le sol.

Les champs de cannes à sucre étalent de longues pelouses qui descendent vers le fleuve. Çà et là un cocotier jaillit, le panache accroché dans la brume du matin. Les lianes qui bordent la route sont comme les chevelures des arbres de la brousse. Elles descendent en éventails du ciel qui repose sur la voûte immense de la forêt ; elles baignent dans l’eau et s’y continuent, reflétées à des profondeurs inouïes.

La chaloupe à vapeur glisse rapide entre ces murailles de verdure, sur quoi des orchidées font des taches mauves.

À l’avant de la chaloupe, un forçat nu se tient debout ; il annonce les obstacles de la route : troncs d’arbres flottants, bancs de roche, lentes pirogues luttant contre le courant.

Devant le brasier de la chaudière, un gardien