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l’entrepont. Je l’ai vue éclatante de glaces, avec ses tables couvertes de moleskine rouge, pendant mes excursions, tout à l’heure, dans ce bateau-cercueil. Je l’ai vue ; mes pas résonnaient dans cette grande salle, et le dressoir disait à haute voix, comme je remontais l’escalier :

— Quel est celui-là ? Que veut-il ?

La table du milieu est servie. Il y a six couverts.

Le dressoir est garni d’argenterie et de verres avec des fruits, et des compotiers pleins. Le dressoir a l’air avenant. Il craque comme j’entre et je l’entends encore dire :

— L’étranger est revenu. C’est pour lui que le couvert est mis, c’est pour lui que nous sommes dérangés.

Le nègre en veston blanc m’a présenté le rôti enveloppé de marmelade de pommes.

— Pour qui sont ces couverts, steward ? Il y a d’autres passagers ?

Hélas ! il n’entend que le hollandais. Il sait dire : « Oui, non, le dîner est servi », en portant ses doigts à la bouche.

Je montre les couverts :

Officers…

Je comprends… les officiers. Et j’indique les places au nègre :

— Ici, au milieu, le capitaine, à droite, le doc-