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LVI


Le camp des forçats est une ancienne habitation abandonnée par les colons au temps de l’affranchissement des esclaves.

Les cacaoyers ont résisté à l’envahissement de la brousse. Voici un verger de sapotillers, et, sur le coteau qui descend à la rivière, un champ d’orangers.

Les ramiers importés de France, qui piaillent et volent par bandes en cercle au-dessus des vergers, sont les seuls êtres qui rappellent les premiers habitants de cette terre.

C’est le camp des Incorrigibles. Il garde les plus dangereux forçats.

Comme nous arrivons, exténués par la lutte contre le courant, le soir nous surprend trop vite pour que nous puissions faire nos préparatifs pour la nuit. Nous coucherons dans les canots, sur les bâches qui couvrent nos vivres.

Le clair de lune illumine le toit de la forêt, coupé à angle vif par le tournant de la rivière.

Le ciel, le ciel des tropiques, est sur nos têtes à une hauteur de vertige.