Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/132

Cette page a été validée par deux contributeurs.


XLVIII


Les palétuviers se dressent sur leurs énormes racines enfoncées en faisceaux dans la vase. Les colonnes des arbres sont supportées par de monstrueux arc-boutants entre lesquels nous avons accroché nos hamacs.

Accroupies sur des bancs étroits, les négresses lissent sans hâte leurs cheveux et attendent l’heure où le chef reprendra le récit nocturne.

Le vieux Saramaca excite l’émulation des canotiers.

— Est-il possible que nous ne puissions pas rejoindre la pirogue qui fuit devant nous ? Ces Indiens sont de rudes ouvriers du fleuve, mais ils ne tiennent pas un effort soutenu pendant plusieurs jours et nous les rejoindrons s’ils n’emploient pas quelque ruse.

Les Saramacas sont habitués à la chasse à l’homme, car les pirogues rencontrées sur la route des placers sont souvent chargées de forçats évadés. Les pénitenciers paient une forte prime pour les bagnards capturés en rivière.