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XLVII


Au bord de la crique, sur le sable ardent, un cadavre déchiqueté fume sous le feu du soleil.

Les Saramacas, à genoux sur le sol, suivent la trace du tigre.

Le forçat évadé a été surpris agenouillé buvant à la crique. Il a été attaqué de dos. Le corps semble avoir été écartelé. Il n’y a pourtant qu’une seule trace… Un seul tigre est passé.

Les pirogues du convoi repartent sans qu’une parole soit échangée. Ce soir, seulement, autour du feu, le chef fera le récit et les hommes commenteront le monologue du vieillard.

Les pluies ont grossi la rivière. Les corps se tendent sous l’effort des pagaies plates ; les barques avancent lentement, longeant la berge où le courant est moins violent, sous l’arc des lianes dont les filaments baignent dans l’eau.

Dans la vase, à portée de la main, les crabes rouges courent de travers par bandes, se chevauchent et grouillent à reculons sur la proie rencontrée.