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Nous échouons sur un banc de sable. L’heure est torride. Lily se baigne. Elle s’étend dans la pénombre sur le sable pour se sécher. Puis, elle dresse notre repas au bord de l’eau, à l’ombre des feuilles géantes qui sont la marquise de la maison impénétrable de la forêt.

Écœurante comme l’odeur des jasmins, l’odeur des bois de rose abattus sur le chantier voisin nous vient à chaque poussée de vent.

La terre en travail sous le soleil de midi, crisse et gronde dans la profondeur de la brousse.

Pour dormir, Lily a mis ses bras à mon cou. Mais les effluves de brasier qui remplissent l’air, et peut être aussi ce jeune corps qui est lourd à mes bras, m’empêchent de dormir.

Par delà la frondaison, dans le clair-obscur de la forêt vierge, des images passent qui me serrent le cœur.

L’image du Bateau et d’une Mer lointaine…

Les Saramacas arment les pirogues et s’agitent pour le départ. Les barques du convoi glissent d’affilée. Le vieux Saramaca, notre chef, passe à son tour, donnant des conseils sur la route et monologuant :