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XLVI


— Tu as un fusil et tu ne tues rien… as-tu peur du gibier ?…

Il faut baisser la tête pour descendre, sous la voûte de la brousse, la rampe glissante qui conduit au degrad. Il fait frais. Des perroquets hurlent dans le ciel invisible.

Lily est nue. Ses jeunes seins ont la couleur dorée des fruits de son pays.

Elle s’assoit à l’avant de la pirogue. À coups réguliers et vigoureux, la pagaie frappe l’eau et nous pousse dans le courant si vite que les arbres courent le long de la rive.

Elle chante. C’est un chant monotone et ridicule qu’elle compose et qui célèbre le matin, moi-même, et le retour prochain contre le courant.

Nous doublons des radeaux de bois de rose qui descendent conduits par des noirs.

Elle salue à grands cris ces hommes qu’elle ne connaît pas et qui nous souhaitent bon voyage quand nous sommes déjà hors de portée de la voix.