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XLV


Un jardin clos. Des roses, des allées, des roses et de longs canaux étroits où dorment des nénuphars.

Le soir humide met de la brume à fleur de terre sur les pelouses. Un homme presque nu, tatoué et sale, courbé sous une charge d’herbe de Para, s’appuie pour prendre haleine au mur où grimpent des roses, et repart geignant, traînant au ras du sol sa faucille.

Puis, encore un homme, puis encore des hommes pliés sous le faix, et laissant derrière eux de lourdes senteurs de fleurs et d’herbes vertes. Puis, le surveillant militaire, traînard et les yeux las.

Les forçats doublent l’allée de bambous. Leur passage n’a pas troublé le silence, leur pas lent n’a pas laissé de traces sur le sable blanc.

Entre les tapis au vert ardent des pelouses, le sable garde son éclat d’argent, sous le soir qui descend. Tout l’estuaire du Maroni est fait de ce quartz broyé qui met des chemins de sucre autour du bagne.