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Saint-Laurent-du-Maroni… des maisons blanches couvertes de tôle éclatante sous le soleil comme des miroirs d’argent… Un sol de sable blanc, de la neige sous du feu, une orgie de lumière sur une oasis de verre mat… Les yeux éblouis cherchent pour s’y reposer les massifs verts des jardins épars et les lignes de la brousse noire qui encadre à l’horizon cette fournaise blanche.

En face, Albina, la bien nommée, si blanche dans la verdure du grand bois…

La brousse, le long du fleuve, est une muraille tapissée de lianes, haute de cinquante mètres, impénétrable à la lumière… et derrière laquelle commence la cathédrale de la jungle. Parfois, la muraille s’abaisse, quand le sol cède à la poussée de l’eau, pour laisser voir le marais où les palétuviers enfoncent leurs racines géantes posées sur la boue comme des pilotis.

Le fleuve coupé d’îles, se divise en plusieurs bras. Nous suivons des couloirs étroits entre les murs énormes de la brousse. Le courant charrie des arbres morts. L’eau, jaunie par les boues déplacées et les matières végétales en décomposition, a une odeur de pourriture.

Cependant le soleil s’abat sur ces choses et les couvre de flammes. L’eau, la brousse, et les hommes, immobiles sous la vapeur de fonte en