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Le vieux Saramaca qui commande la flottille de pirogues commence un récit. Il s’arrête ; les nègres approuvent par de courtes exclamations.

Assises en cercle autour du feu, les femmes surveillent le poisson salé qui cuit. Elles peignent leurs négrillons ventrus et endormis.

— On a tué un hoco ; le chat-tigre est venu la nuit dernière ; il reviendra, sans doute, à cause des chiens ; l’eau a été forte au saut…

Le vieux chef récite, indifférent et précis, les événements du jour.

— Il faudra changer cette nuit la cachette du tafia à cause des évadés…

Un peu de vent traîne encore sur la rivière. Des bruits viennent du nord : rumeurs d’oiseaux, grondements du marais où s’agitent les reptiles, soupirs de l’eau, soupirs qui précèdent le silence…

Soudain, dans un vacarme de ferraille, avec des craquements de tonnerre, un arbre géant s’abat sur la rivière entraînant dans sa chute le rideau d’arbres liés à lui par les lianes.

Les arbres de la brousse ne meurent pas : ils s’effondrent et se couchent en ouvrant dans la brousse la trouée sans laquelle les jeunes arbres ne vivraient pas.

— Une pirogue nous a dépassés, une piro-