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XXXVIII


— Que sais-je ? dit le Bateau. Elle a tué… C’est ainsi…

Les heures, enveloppées d’une lumière ardente, sont immobiles. Il pleut du feu. Le soleil accable la Mer et couvre le Bateau d’un flamboiement d’enfer. Le monotone ennui engourdit les êtres vivants : la Mer, le Bateau, les hommes. Tout est inerte et flou : nos cœurs, le vent, l’eau tranquille…

— Toi seul, dit le Bateau, t’agites et questionnes. Les hommes comme la Mer gardent au cœur des remous après la tempête. Regarde : Je ne sais plus rien de l’épouvante qui, hier, me faisait mourir… J’aime le Vent qui, comme moi, passe et disperse au loin les bruits qui ont gonflé sa voix. Le Vent est passé… Quel calme !

— Je ne l’ai point vue… Mais je sais qu’Elle pleure.

— Elle pleure… répond le Bateau… Le secret lui fait moins horreur maintenant qu’elle l’a dit au Vent qui passait… au Vent, c’est-à-dire