Page:Gallon - Taterley, trad Berton, paru dans Je sais tout, 1919.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
734
JE SAIS TOUT

Caleb regarda bien en face le cousin Hector, puis il lui lança :

— Allez au Diable !

Puis il lui tourna le dos.

Le cousin Hector le regarda avec un sourire grimaçant et, se tournant vers les femmes qui attendaient l’issue de cette scène :

— Devant l’appel de la beauté, je suis toujours prêt à m’incliner, dit-il.

Il attendait un geste d’Ella pour le retenir, mais celle-ci se contenta de lui tendre la main.

— Au revoir, M. Krudar, dit-elle.

Il lui retint la main un moment dans les siennes.

— J’espère que nous nous reverrons tôt, bientôt, dit-il. Rappelez-moi au souvenir de ce cher garçon.

— Venez-vous, cher ami Krudar ? s’écria miss Prynne sur le seuil.

Le cousin Hector la regarda un instant, puis ses yeux se tournèrent vers Caleb et il suivit « l’adorable Milly » avec toute la galante sollicitude dont il était capable.


CHAPITRE XI

à propos d’une ombre redoutable et de quelques malédictions.


Les jours heureux de la lune de miel passés, Donald, pour assurer le pain quotidien, dut travailler sans relâche, mais la belle confiance commençait à défaillir dans son cœur et il travaillait désormais avec une croissante anxiété. Sa jeune femme le regardait inquiète, cherchant sur le visage de son mari cette assurance qui la faisait si forte et elle frissonnait de le voir si soucieux.

Un jour, assise sur les genoux de Donald, la tête inclinée sur lui, Donald fut surpris de voir qu’elle ne répondait pas à une question qu’il venait de lui poser. Il la répéta, mais, ne recevant pas de réponse, il se pencha sur elle, la palpant de ses mains et, tout d’un coup, il cria à Caleb de venir. Ella s’était complètement évanouie.

Donald la souleva dans ses bras et la porta dans sa chambre. Caleb en hâte prit son chapeau pour aller chercher un docteur.

Elle avait repris connaissance quand ils rentrèrent et elle leur dit en riant qu’elle était rétablie. Le docteur prit la chose légèrement, parla d’un changement de vie nécessaire, d’air, d’une alimentation fortifiante et promit de revenir le matin suivant. Mais Ella, le lendemain, dit à Donald qu’elle se sentait très fatiguée et ne pourrait pas se lever.

Donald quitta la chambre, regarda son déjeuner sans le toucher, essaya de fumer et attendit avec impatience la venue de Taterley.

Caleb arriva de bonne heure, avec une crainte étrange dans les yeux.

— Est-elle mieux ? demanda-t-il à voix basse.

Donald, qui s’occupait de sa pipe, ne leva pas les yeux et répondit :

— Je le pense, je l’espère, elle dort, elle dit qu’elle est très fatiguée.

Caleb ne voulait pas manger. Il lui semblait que si Donald savait qui il était, il voudrait le battre et le maudire.

Le docteur ne manqua pas de venir. C’était un brave homme, très gai. Il hocha la tête vivement et entra dans la chambre avec Donald. Caleb écoutait de toutes ses oreilles. Le son des voix lui parvenait et il pouvait même entendre un petit rire vague. Les deux hommes reparurent, le docteur donnant quelques instructions sur le seuil de la porte. Puis, il prit, dans l’atelier, son chapeau et ses gants.