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GORSAS.

opinion, qui le leur rendaient, le lendemain, — avec usure, et ne cessaient de les menacer de la colère du peuple.

Ce fut ainsi que l’on arriva à la création de la Commission des Douze, et aux journées des 31 mai et 2 juin, si funestes au parti dont Gorsas s’était rendu l’un des organes. Nous n’entrerons ici dans aucun des détails de ces journées ; nos lecteurs n’auront qu’à se remettre sous les yeux notre article Brissot, pour trouver ces scènes déplorables racontées au point de vue des girondins. Gorsas, dont la feuille cessa de paraître le 1" juin 1793’, fut du nombre des vingt-deux que les sections tirent mettre en état d’arrestation. Il ne tarda pas a prendre la fuite et à se rendre à Caen, où il se réunit à Buzot, à Pélion, à Barbaroux et aux autres députés fugitifs mis alors hors la loi.

C’est à Gaen que Gorsas composa le Précis rapide des événements qui ont eu lieu à Paris dans les journées des 30, 31 mai, 1er et 2 juin*, dans lequel il raconte ces événements : attiré ensuite à Paris par le besoin de savoir ce qu’était devenue sa famille, errante et malheureuse’, il y fut reconnu et arrêté. Vainement demanda-t-il à être conduit devant la Convention nationale, il fut envoyé à la guillotine, le 7 octobre 1795 (16 vendémiaire an II), comme étant hors la loi.

Ainsi périt ce journaliste, membre de la Convention nationale. Gorsas avait fait lui-même son épitaphe ; la voici telle qu’on la trouve dans le Courrier des départements du 3 avril précédent :

IL FUT SACRIFIÉ, MAIS IL ! SE CESSA JAMAIS D’ÊTRE ON HONNÊTE HOMME ET DIGNE d’un meilleur SORT ; LA POSTÉRITÉ LE VENGERA.

La collection du journal de Gorsas forme 38 volumes, composés chacun d’un mois, ou 50 numéros ; ces volumes contiennent environ 350 pages. C’est un écrit de plus de 40 pages dans lequel Gorsas n’épargne pas plus ses ennemis qu’ils ne l’épargnèrent lui-même.

La veuve de Antoine-Joseph Gorsas reprit ensuite l’imprimerie de son mari, et continua cet étiit.