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On pouvait donc — tant bien que mal — apprendre à lire. Et après ? Après, on apprenait à lire le latin des offices, à bien prononcer toutes les lettres. Je ne vois dans les notes d’inspection aucun autre exercice pédagogique. L’enseignement de l’écriture est mentionné à la Charité : il n’en est question dans aucune des Petites-écoles. Cependant, le programme dit bien : lire, écrire, chiffrer. Mais comment croire que l’inspection eût passé sous silence la partie supérieure du programme, n’ait rien eu à dire des procédés, des résultats ? C’est inadmissible. D’ailleurs, dans le récit du concours entre les élèves les plus forts de Saint-Étienne et de Saint-Chamond, on voit bien qu’il n’est question d’aucune composition écrite : il s’agit simplement de « demandes » auxquelles les uns ont passablement répondu, alors que les autres se sont troublés. Il faut conclure que le temps passé à l’école suffisait à peine à acquérir la lecture. Il est visible, en effet, que ce temps est trop court et trop employé à des exercices de piété.

On ne voit pas, d’ailleurs, qu’il soit recommandé de noter les absences et de s’enquérir de leur motif. Aussi, jusque près de nous, l’école buissonnière a-t-elle été un véritable fléau des écoles publiques. À certains jours de clair soleil, les écoliers « fuyataient » ; « fuyater » c’était fausser compagnie au bâton du maître pour s’en aller dans les champs faire d’intéressantes études d’histoire naturelle agrémentées de baignades, de petites récoltes, etc.

Les préoccupations sont toutes à l’action religieuse. L’inspection de 1687 a l’allure d’une véritable mission : la pauvre pédagogie de la lecture par bandes est perdue dans les démonstrations d’Église. Le 29 juin, on décide que les élèves seront confessés et on engage les maîtres à se confesser aussi et à communier. Le 9 juillet, on processionne, on renouvelle les veux ; bénédiction, etc. Dans l’intervalle, récitations de catéchisme, concours de catéchisme. Le 17 juillet, dernières recommandations : il faudra « conduire les enfans à la messe. M. Chavanne (un vicaire de la Grand) se chargera du soin de procurer des confesseurs pour chaque école… on nomme des maîtres et maîtresses pour la communion jusqu’à la première dimanche d’aoust et qui se continuera toutes les premières dimanches du mois à l’advenir, etc. »

En réalité, il ne s’agit pas d’enseignement primaire.

Je ne mets pas en doute la sincérité des fondateurs ; je dis que leurs intentions n’étaient pas remplies.

Pouvaient-elles l’être dans les conditions où fonctionnaient ces écoles ? On ne peut le penser. Les impossibilités s’accumulent. Un enfant qui a eu jusqu’à huit, neuf ans la parfaite liberté de la rue, ne peut devenir un écolier