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III.

Conclusions.

Voilà — par les documents — tout ce que je sais sur les écoles stéphanoises de l’ancien régime, sur les écoles de la fin du XVIIe en particulier.

Je prie, qu’on me permette, à propos de cette dernière période, quelques réflexions… qui me seront difficiles parce qu’elles touchent à une terrible histoire religieuse. En ce temps, action religieuse et enseignement du peuple : cause et effet, inséparables.

Certainement la grande paroisse de Saint-Étienne comme toutes les paroisses du pays était exclusivement catholique. Les dévots n’y avaient pas supporté une petite église huguenote, dont la dispersion fut violente. J’ignore si ce libre esprit de l’école de Rabelais qui fut Marcelin Allard a exposé, dans sa Gazette, fin du XVIe, une mentalité un peu commune chez ses compatriotes : cent ans plus tard, on ne saurait supposer une manifestation pareille.

À ce moment, la bourgeoisie stéphanoise s’est faite piétiste : avec zèle, elle s’associe aux œuvres d’église. Les couvents prospèrent et s’enrichissent ; les confréries sont nombreuses ; d’authentiques bourgeois sont à la tête des Pénitents qui forment deux compagnies.

Il n’en était pas de même des couches profondes. Non pas — on le comprend — qu’il y eût quelque pensée d’opposition ; mais, simplement, parce que d’une intellectualité limitée, d’un pauvre patois si ras terre, de la misère d’une vie au jour le jour, résultait un réel abaissement moral. Les peines d’un travail écrasant et peu rétribué, avaient pour compensation les gaietés et les abêtissements du vin, les joies de la chair facilement en liesse. À ces passions païennes, qui n’en étaient guère inquiétées, le catholicisme superposait ses pratiques essentielles. Les pauvres gens des ateliers fumeux faisaient leurs Pâques après avoir festoyé et arrosé mardi gras ; ils assistaient à la messe du dimanche, un chapelet aux doigts, ce qui n’enrayait pas l’intense beuverie jusqu’au lundi soir. On pouvait être un pénitent passable, marcher pieds nus le Vendredi-Saint et être aussi un parfait vide-bouteilles. Pas