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main, mais un fonctionnement perpétuel : un local en toute propriété et une rente assez forte pour rétribuer le maître. Cette fondation fut faite par trente-neuf personnes mues de piété, qui souscrivirent ensemble une somme de 4215 liv. Un capital de 3000 liv. fut versé dans la caisse de l’Hôtel-Dieu à la charge, par lui, de payer un revenu annuel et perpétuel de 150 liv. « pour le salaire du maître ». Le surplus fut laissé entre les mains du curé qui, assisté de deux souscripteurs, devait l’affecter à « la construction dud. oratoire ou chapelle dans laquelle sera établie ladite petite école ». Cet oratoire devait être et fut construit à côté de la Grand, à l’extrémité du cimetière, à l’endroit même où a été édifié, récemment, le presbytère, rue Sainte-Catherine.

L’acte de fondation témoigne de la belle confiance de ces braves gens dans la perpétuité de leur œuvre : ils disent que « leur intention est que l’ouvrage soit perdurable » ; que la rente a pour garantie tous les biens immeubles de l’Hôtel-Dieu, que cette rente « sera et demeurera irracheptable » et qu’ils font de cette clause « la condition expresse sans laquelle les d. susnommez n’auroient fait ce fond » ; ils disent que « cette dépense regarde l’Hôtel-Dieu, l’aumône d’une bonne éducation estant plus profitable aux pauvres que la simple nourriture du corps. » En échange de leur libéralité, les fondateurs s’assurent que les écoliers prieront pour eux. Le contrat portait règlement de l’École : j’y reviendrai. Approuvé par le vicaire général en 1681, il fut imprimé en 1682 avec une touchante dédicace du curé à ses souscripteurs. Je ne cache pas que j’éprouve quelque peine à voir la fragilité de tant de précautions au service d’aussi louables espérances.


L’école de Notre-Dame. — La première fondation donna des résultats encourageants ; mais, visiblement, elle était insuffisante. Par sa situation, cette école avait l’apparence d’être, non pas l’école de toute la paroisse, mais l’école de la Grand, des quartiers de la rive gauche du Furan. Or, on venait de construire (1669) pour les quartiers de la rive droite, une nouvelle église succursale, Notre-Dame, pour laquelle on ambitionnait la dignité d’église paroissiale. La nouvelle paroisse ne devait-elle pas avoir aussi son école de garçons ?

Elle fut fondée le 3 mars 1683, d’un seul bon mouvement de piété qui poussa un brave bourgeois à faire, à lui seul, ce qu’avaient fait les souscripteurs du curé Colombet. Ce brave homme s’appelait François Bérardier ; il est qualifié sur l’acte « marchand bourgeois. » J’ai regret que ses concitoyens n’aient pas conservé, en quelque témoignage de reconnaissance, le nom de ce fondateur d’école.