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doivent avoir reçu l’onction sacerdotale d’hommes ayant la plénitude du sacerdoce, le droit légitime de le transmettre, parce qu’eux-mêmes l’ont reçue de leurs prédécesseurs, et cette succession du sacerdoce doit nécessairement remonter jusqu’aux Apôtres et à notre Seigneur Jésus-Christ, qui l’a instituée.

Cette condition est indispensable ; nous la voyons strictement réalisée chez les orthodoxes. Leurs prêtres sont ordonnés par des évêques qui peuvent montrer leur consécration l’un par l’autre, jusqu’aux temps apostoliques ; la vertu de l’Esprit saint, qui constitue le sacerdoce, n’a pas cessé un seul instant de couler, depuis notre Seigneur jusqu’aux plus humbles ministres des autels orthodoxes, quand même sa conduite serait peu conforme à sa vocation. Quelle vérité consolante, destinée à confirmer chaque chrétien orthodoxe dans la vérité de sa foi ?

Les protestants peuvent-ils se prévaloir de cet avantage ? Ils n’ont pas de liturgie quotidienne. De temps à autre, les plus pieux d’entre eux reçoivent le corps et le sang du Christ, dans la conviction de faire une œuvre salutaire[1]. Ils n’ont pas la hardiesse de s’administrer eux-mêmes ce sacrement redoutable. Un pasteur, un homme considéré par eux comme un prêtre, leur distribue la communion. Mais quel est le caractère de cet homme, qui est-ce qui l’a ordonné prêtre, quel est l’évêque qui a imposé ses mains sur sa tête ? Ils n’ont pas d’évêques. Luther, leur fondateur, était un simple prêtre ; il n’avait pas un seul évêque parmi ses adeptes quand il se sépara de l’Église romaine, il ne pouvait pas transmettre à d’autres le sacerdoce que l’évêque seul a le droit légitime de transmettre. Qui est-ce qui consacre donc leurs pasteurs ? Personne. Ces pasteurs sont simplement des hommes ayant fait des études théologiques ; le consistoire, une administration où siégent des membres laïques, les autorise à s’appeler pasteurs et à officier. Or, quand un laïque est élu prêtre par d’autres laïques, sans la grâce du Saint-Esprit, les dons sur lesquels il prononce sa prière infirme peuvent-ils être considérés comme le corps et le sang du Christ ? Comment qualifier la communion des protestants ? Qu’ils descendent dans leurs consciences et y répondent eux-mêmes ! Nous n’avons pas l’intention de les juger ; nous ne voulons représenter les choses que telles qu’elles sont et se révèlent à l’observation. Il est étrange, il est effrayant de voir des

  1. Je parle ici des luthériens. Les réformés, qui forment une même société avec eux sous la dénomination de l’Église évangélique, ne croient pas à la présence réelle de Notre Seigneur dans l’Eucharistie et ne la regardent que comme un symbole de la sainte Cène.