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lieu de prières. Il s’y trouve bien l’image du crucifié ; mais elle est également dans la demeure de tout homme pieux.

Qui est-ce qui s’offre à la vue du chrétien qui entre dans un temple orthodoxe ?

Dès qu’il y met le pied, une émotion, dont il ne peut d’abord se rendre compte, s’empare de son âme ; il voit clairement qu’il n’est pas seulement dans un appartement attribué à la prière, mais bien dans la maison de Dieu, où tout lui parle de Dieu et se ressent de sa présence.

L’Invisible par essence y apparaît d’une manière visible. Le divin enseignement de la foi, renfermé dans l’Évangile, y est si éclatant que celui qui ne peut pas lire les saintes Écritures apprend l’histoire évangélique dans la contemplation des saintes images, devant lesquelles il se prosterne en reportant mentalement son hommage à celui qu’elles représentent.

Il voit l’image de la sainte Trinité ou celle du Fils de Dieu, il l’adore comme la créature adore son Créateur. Il vénère celles des amis de Dieu qui nous servent de modèles, mais il ne leur rend pas un culte pareil à celui qui n’est dû qu’à Dieu seul. Parmi les images des saints, son regard s’attache particulièrement sur celle de la très-pure Vierge, Mère de Jésus ; sur celles des Prophètes, des Apôtres, des Apôtres qui ont annoncé sa parole ; sur celles des Anges auxquels Dieu a permis de nous apparaître pour notre salut.

La barrière mystérieuse formée par ces saintes images, l’iconostase avec ses trois portes conduisant au sanctuaire, dont l’entrée n’est pas licite pour tous, montre qu’il s’y accomplit quelque chose de sublime, quelque chose qui n’est pas humain. En effet, ce ne sont pas de simples prières qui s’y récitent, comme celles que l’on entend le dimanche dans les oratoires protestants, que tout chrétien peut chaque jour lire à domicile. On y célèbre la mystérieuse mémoire de la rédemption de l’humanité par le Fils de Dieu ; on y offre à Dieu le Père, pour le soulagement de notre infirmité et la rémission de nos péchés en cette vie et en l’autre, l’oblation réelle du corps et du sang de Jésus-Christ sous les espèces du pain et du vin, sur un autel qui devient le trône de Dieu, un nouveau Golgotha. C’est bien là la maison du Seigneur, la porte du ciel, et non un lieu de réunion quelconque ; et voici déjà une différence bien essentielle : elle n’est pas la seule et se lie à bien d’autres.

Ceux qui offrent cette oblation sacrée du corps et du sang du Christ doivent être absolument, exclusivement dévoués à Dieu pour oser remplir un ministère si grave ; les profanes en sont indignes. Ils