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rance profonde des lois de l’Église ? Souvent, on entend demander : Quelle fête célèbre-t-on aujourd’hui, pourquoi jeûne-t-on ? La transgression des préceptes de l’Église fait ainsi perdre de vue ses traditions, si bien gardées par nos pères, quoiqu’ils fussent contemporains de plus terribles tempêtes de l’incrédulité.

La source de ce déplorable oubli vient en partie de la dissipation du monde et quelquefois du commerce de parents, dignes d’estime sans doute, mais qui n’ont pas salutairement appris de leurs aïeux à se soumettre à l’Église, et qui professent une croyance qui ne les oblige à aucun devoir extérieur. Les enfants adoptent insensiblement la manière de dire de leurs parents, qui, d’ailleurs, ne leur donnent que de bons exemples, qui semblent même incliner vers l’orthodoxie et ne font aucune difficulté d’entrer dans nos églises, convaincus que tout est égal dans les deux confessions. Or, cette condescendance même prouve leur indifférence, fondée sur une ignorante souverainement dangereuse pour les jeunes gens inexpérimentés entraînés à les imiter.

Ce danger me remplit de compassion et m’engage à préciser sommairement la différence qui existe entre la vérité orthodoxe et la doctrine protestante, afin que quiconque désire connaître cette première puisse quelque peu s’en rendre compte. Elle frappera indubitablement celui qui ne voudra pas rester étranger aux dogmes de son Église, et cherchera dans son sein la paix de l’âme et le salut. Je ne veux ici ni blâmer, ni condamner. Nous ne devons pas oublier pour nous-mêmes ces paroles de l’Apôtre : « Qui êtes-vous pour oser condamner le serviteur d’autrui ? S’il tombe ou s’il demeure ferme, cela regarde son Maître. Mais il demeurera ferme, Dieu est puissant pour le soutenir[1]. »

Il n’est pas nécessaire de prêter beaucoup d’attention pour sentir, pour voir au premier coup d’œil la différence qui existe entre l’Église orthodoxe et le protestantisme. Il n’y a qu’à entrer dans la maison où s’assemblent les protestants, et ensuite dans le temple où s’accomplit la liturgie des orthodoxes. Le regard, le cœur saisiront aussitôt cette différence avant que l’esprit n’en soit pénétré par le raisonnement.

Qui est-ce qui s’offre à la vue du chrétien qui entre dans une maison de prières protestante ?

Une vaste chambre, bien moins ornée que celles que nous voyons dans les habitations des riches ; rien de particulier ne nous révèle un

  1. Rom. xiv, 4.