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pas sur moi-même, mort aussi pour avoir renoncé à votre amour, ô mon Dieu, lumière de mon esprit[1] ! »

Les gémissements de M. Mourawieff sur les protestants, qui partent déjà d’un mouvement louable, m’ont rappelé les larmes de saint Augustin sur le sort de Didon se plongeant, dans l’égarement de sa passion, un poignard dans le sein, et me font espérer qu’il pourra bien suivre saint Augustin dans la seconde et meilleure phase de sa vie.

En combattant les doctrines de Luther, les sectateurs de Photius approchent souvent de la vérité, toujours ils la prouvent contre eux-mêmes : spectacle curieux et instructif. Ainsi l’opuscule, dont nous offrons la traduction aux esprits légitimement préoccupés de l’avenir du nord de l’Europe, établit la nécessité de la prière pour les morts, par conséquent le dogme catholique et du bon sens du purgatoire.

Un document récent est venu confirmer cette croyance. On ne nous reprochera pas de le citer avec émotion. Le testament de Sa Majesté l’empereur Nicolas se termine par cette touchante recommandation : Je prie tous ceux qui m’aimaient de prier pour le repos de mon âme.

L’accord entre les catholiques et les Russes peut donc être considéré comme atteint sur cet article. Il ne reste plus que deux questions à trancher de bonne foi, et, en réalité, il ne manque à la Russie qu’une seule chose, — de régulariser sa piété, comme le disait le comte de Maistre, qui la connaissait et l’aimait, en dirigeant sa barque, pour ne pas périr, à la remorque de cette barque mystérieuse de Pierre, battue de tous côtés et jamais engloutie, parce que le Seigneur est avec elle jusqu’à la consommation des siècles.

En revendiquant vainement pour son Église acéphale l’apostolicité, inséparable de l’unité, le théologien russe, sans le sentir, s’agenouille sur le tombeau de saint Pierre, sur lequel, naguère, s’est également prosterné Sa Majesté l’empereur Nicolas.

En professant une profonde vénération pour la tradition, l’Église grecque n’a encore là qu’un pas de plus à faire dans la voie dont elle ne s’est pas écartée dans les premiers siècles du christianisme.

Mais c’est surtout touchant le culte extérieur que nous sommes tenus de rendre à notre Créateur que le Russe est dans le vrai quand il adresse des reproches au protestant. La liturgie slave s’est miraculeusement maintenue orthodoxe. On a corrompu l’exposition scientifique du dogme ; on a laissé intact le chant populaire qui le proclame. Le catholique n’a qu’une syllabe à y ajouter. Comme nous,

  1. L. I, c. 13.